Viol d'une étudiante : trois heures de black-out total
Les enquêteurs de la sûreté départementale cherchent à reconstituer la soirée d'une étudiante polonaise de 22 ans, violée dans la nuit de vendredi à samedi et qui ne se souvient de rien. Différentes pistes sont explorées. Pour l'heure, l'appel à témoins n'a rien donné.
Que s'est-il passé de 23 heures à 2 heures du matin, dans la nuit de vendredi à samedi, entre la place Saint-Pierre et le quartier du Mirail ? Qu'est-il précisément arrivé à une jeune étudiante polonaise de 22 ans qui a déposé plainte pour viol mais n'a plus aucun souvenir de ses faits et gestes dans ce créneau horaire (notre édition d'hier) ? C'est à ces questions que tentent de répondre les enquêteurs de la brigade criminelle et de répression des atteintes aux personnes de la sûreté départementale.
Pour l'heure, les indices sont minces et l'appel à témoins* lancé ce jeudi dans nos colonnes n'a pas encore permis de les mettre sur une piste sérieuse. Toujours est-il que la jeune fille, examinée par un médecin légiste, a bien eu un rapport sexuel cette nuit-là. Relation qui n'a pas été consentie et dont elle ne garde aucun souvenir.
Drogue du violeur ?
Ce soir-là, accompagnée d'une amie, elle avait passé la soirée dans un bar de la place Saint-Pierre. Alors que son amie s'était absentée quelques instants, vers 23 heures, pour récupérer ses affaires, elle a disparu. Selon certains éléments, le comportement de la victime s'était brusquement modifié peu de minutes auparavant. Lui a-t-on fait prendre, à son insu, une substance de type GHB, ce produit incolore et inodore aussi appelé drogue du violeur, aux effets sédatifs et amnésiants que certains glissent dans le verre de jeunes filles afin d'en abuser ? Cela pourrait expliquer la perte de mémoire. A-t-elle ingurgité une autre substance qu'elle n'aura pas supportée ? Le choc de son agression a-t-il provoqué l'amnésie ?
Selon les enquêteurs, elle aurait pu être emmenée de force dans un véhicule, vendredi soir, vers 23 heures, sur la place Saint-Pierre. Des trois heures qui ont suivi, ils ignorent tout. A-t-elle été agressée par une ou plusieurs personnes ? La relation sexuelle s'est-elle déroulée dans une voiture ou la jeune fille a-t-elle été amenée ailleurs ? Black-out total.
Puis, entre 1 h 30 et 2 heures, une personne l'aurait recueillie dans le secteur de Mirail Université (chemin de Lestang/ allée Antonio-Machado) et reconduite à la cité universitaire Chapou, rue Saunière.
Hier matin, les étudiants hébergés à la cité Chapou ignoraient pour la plupart l'agression de cette étudiante polonaise. Cafés en main devant les bâtiments, deux étudiantes étrangères s'avouaient surprises. «Nous sortons souvent vers la place Saint-Pierre. Nous n'avons jamais eu de problème», relatent-elles. «Les seuls soucis, c'est quand il y a des bagarres entre les garçons qui ont trop bu, décrit Maeva, 20 ans. On sait qu'il peut y avoir des coups de couteau.»
Un guide de la nuit
La drogue du violeur, la plupart des jeunes filles en ont entendu parler. «C'est vrai qu'on n'y pense pas quand on va boire un verre entre amis.» Les étudiantes ne s'estiment pas particulièrement menacées pendant les soirées ou lorsqu'elles rentrent chez elles. «Je fais surtout attention à mon sac et à mon téléphone, confie l'une d'entre elles. Quand je rentre, je m'arrange pour ne pas être toute seule mais, si c'est le cas, je n'ai pas spécialement peur.»
Un guide «Toulouse en mode nuit» est en cours de distribution à 100 000 exemplaires. Dans celui-ci, la question d'une pilule glissée dans un verre est abordée. «Nous écrivons qu'il faut toujours avoir à portée de vue ses consommations dans un bar et ne jamais en accepter d'inconnus, souligne Christophe Vidal, le maire de la nuit, attentif à la sécurité des fêtards et notamment des étudiants. Cela fait partie des basiques et s'adresse aux filles comme aux garçons.»
*Toute personne susceptible d'apporter des informations utiles à l'enquête est priée de contacter la brigade criminelle et de répression des atteintes aux personnes au 05 61 12 75 87.
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