Vent de fronde sur les marchés toulousains

La volonté de la mairie de revoir le prix des loyers pour les loges des commerçants ne passe pas très bien derrière les étals. Cette remise à plat veut en finir avec un système opaque.

C'est la grande révolution sur les marchés couverts de la place toulousaine. Dans la foulée de la rénovation programmée du marché Victor-Hugo, la municipalité a décidé de s'attaquer au maquis des loyers acquittés par les commerçants pour exploiter leurs loges. Il faut dire qu'il y a du travail. À ce jour, personne n'est capable de dire précisément qui paie quoi et pour quoi. Pas l'omerta, mais presque. «En moyenne, ça doit tourner autour de 18 à 20 euros par mètre carré et par mois, estime Philippe Grèzes, le vice-président de l'association des commerçants de Victor-Hugo, mais ce prix dépend de la surface et de l'emplacement de la loge». Jean-Jacques Bolzan, l'adjoint au maire chargé du commerce, chargé du dossier ne le cache pas. Il s'agit aujourd'hui d'harmoniser les contributions de tout le monde, à Victor-Hugo comme à Saint-Cyprien ou aux Carmes. «Ces marchés sont gérés par la collectivité et ont un coût de fonctionnement qu'il nous faut amortir, plaide l'élu municipal. C'est pour cela que nous voulons remettre à plat la réglementation, les charges et les loyers des loges». Le problème, c'est que les bruits les plus fous courent derrière les étals. Les commerçants craignent «le coup de bambou» et certains même évoquent des augmentations de 300 %. «Des rumeurs infondées et parfaitement débiles», s'indigne Jean-Jacques Bolzan (lire ci-contre), qui souligne que rien n'est décidé et qui promeut une large concertation avec les intéressés. Seule certitude pour l'instant, il y a aura bien une révision à la hausse des loyers. Mais dans l'intérêt de chacun. Mairie et commerçants, qui reconnaissent en coulisses que leurs conditions actuelles sont «très favorables»..

Philippe Grèzes, qui se dit sur la même longueur d'ondes que Jean-Jacques Bolzan, tient à apaiser les esprits. «Il y a manifestement des commerçants qui n'ont pas compris. En tout cas, il n'y aura pas de triplement, ni de doublement des loyers. Nous sommes conscients que la mairie doit arriver à l'équilibre pour couvrir ses investissements, mais nous avons le souci de préserver le petit commerce et l'artisanat. Il y a d'ailleurs à Victor-Hugo des commerces qui tournent bien, d'autres qui ont plus du mal. Et nous voulons sécuriser nos entreprises. Il s'agit de déplacer un curseur et de le placer au bon endroit, explique-t-il. Tout le monde doit y gagner». En attendant, les réunions se multiplient. Ce soir, les débats risquent d'être animés à la chambre de commerce et d'industrie où la question sera mise sur le tapis.

Le chiffre : 110

euros > Loyer mensuel. C'est le prix acquitté actuellement par un charcutier du marché Saint-Cyprien pour une loge de 7 m2. «Une somme modique», reconnaît Jean-Yves, le commerçant, partisan d'une hausse modérée.