Profanations du cimetière : le suspect hospitalisé d'office

  • Les enquêteurs hier après-midi poursuivaient les prélèvements sur les tombes profanées.
    Les enquêteurs hier après-midi poursuivaient les prélèvements sur les tombes profanées. Photo DDM JMG
Publié le , mis à jour
Jean-Marc Guilbert

Le jeune homme suspecté d'être l'auteur des profanations sur 215 tombes au cimetière de Castres, interpellé hier, n'a pu être auditionné en raison de son état psychiatrique. Il fait l'objet d'une hospitalisation d'office et rien n'explique ses actes supposés.

Quelques heures à peine après la découverte des dégradations volontaires commises sur 215 tombes du cimetière Saint-Roch à Castres avant-hier, la police locale et le SRPJ de Toulouse ont interpellé l'homme suspecté d'en être l'auteur. Il s'agit d'un jeune homme de 22 ans, qui se trouvait chez sa sœur hier dans le quartier de Laden situé en bordure du cimetière profané mais qui réside habituellement à Graulhet. Bien que les enquêteurs disposent de bon nombre d'éléments pour le suspecter, il n'a pu être entendu après son arrestation par la BRI (brigade recherche intervention) à la mi-journée, peu avant que le Ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve n'arrive sur les lieux. La vice-procureur de Castres Charlotte Beluet a indiqué hier soir : «Le suspect est délirant, dans un état inaccessible à la communication et incompatible avec une garde à vue. Il bave, répète en boucle des prières et gesticule en tous sens.» Suite à un avis médical, il devait être ensuite hospitalisé d'office.

Pour arriver jusqu'à lui, les enquêteurs disposaient de deux témoignages prépondérants. C'est un entrepreneur venant faire des travaux dans le cimetière après la pause déjeuner mercredi qui s'est rendu compte des incroyables dégradations commises : croix et stèles renversées, vases cassés, statues jetées au sol mais aucun tombeau n'a été ouvert. Puis c'est un employé du cimetière qui a fini par trouver le suspect, accroupi au sol grattant des cailloux, près de la sortie du cimetière. L'homme, habillé d'une djellaba blanche, s'est enfui mais l'entrepreneur l'a suivi au loin jusqu'à le voir entrer dans un immeuble de Laden où il sera arrêté hier.

Dans l'appartement ont été retrouvés des vêtements compatibles avec la description du témoin. En revanche, le témoin n'a pu être confronté de visu au suspect vu son état d'extrême agitation.

Les investigations vont donc se poursuivre : empreintes digitales ou palmaires, voire ADN, vont peut-être parler. La justice va aussi s'intéresser à son profil psychiatrique dans le détail.

Mais pour l'heure, rien ne semble éclairer ses actes, ni revendication ou explication cohérente.

Si l'homme est effectivement de confession musulmane et que le maire de Castres Pascal Bugis est très choqué par ces «tombes chrétiennes uniquement qui ont été touchées», le cimetière Saint-Roch compte aussi des sépultures d'autres confessions, un carré juif, un secteur militaire et d'autres qui n'ont pas été dégradées. Les profanations semblent suivre un itinéraire dans la partie Nord du cimetière de 9 hectares qui compte près de 9000 sépultures dont la très grande majorité sont chrétiennes. En tout cas, la connotation religieuse de cette stupéfiante série de profanations en un même lieu n'est pas privilégiée par l'enquête au profit, pour l'instant du moins, d'une piste psychiatrique.


Bernard Cazeneuve sur les lieux

Juste avant de se rendre à Lempaut (ci-dessous), le Ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve s'est rendu au cimetière profané où il a été accompagné par le maire de Castres Pascal Bugis sur les lieux des dégradations. Il y a confirmé l'avancée de l'enquête et la garde à vue en cours et a déclaré : «Je suis venu à Castres pour dire aux élus et aux familles des défunts ma condamnation la plus ferme des actes inqualifiables qui ont été commis. Ce sont 215 tombes qui ont été profanées d'une façon qui témoigne d'une grande détermination.» D'autre part, le Ministre a indiqué : «Nous avons besoin de rappeler à cette occasion des principes simples. Principe de respect d'abord car il n'y a pas de démocratie s'il n'y a pas de profond respect de la vie humaine. Respect de la mémoire de ceux qui ont disparu et respect des croyances des uns à l'égard des autres, respect des opinions de chacun.»

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Les commentaires (45)
Gattaca Il y a 9 années Le 17/04/2015 à 23:50

Simpatico a raison. Allez faire un tour dans un cimetière. Vous verrez qu'en semaine c'est désert. Sauf la semaine de la Toussaint.

@Franco31: "Pourquoi serait-il un "déséquilibré"?": comment pouvez-vous concevoir qu'une personne saine d'esprit puisse s'amuser à profaner des tombes?

@Le Veilleur: vous feriez bien de mieux vous informer!

Il y a 9 années Le 17/04/2015 à 23:13

Franchement, c'est à se demander s'il vaut mieux pas se séparer d'un petit vieux, vieille ou handicapé comme ça... en France, pour les soins.

Carsixer Il y a 9 années Le 17/04/2015 à 18:17

Tout comme "pasocialo" je pense qu'il n'a pas agi seul, bizarre qu'il ait pu profaner 215 tombes en si peu de temps et que personne n'ait rien vu ni entendu.