Prix de l'eau : pourquoi tant de disparités entre villes ?
Le prix de l'eau varie de plus de 50 % entre la commune la moins chère et la commune la plus chère de la Métropole toulousaine. Le Président veut aller vers l'harmonisation.
À Drémil-Lafage (2 500 habitants), les habitants paient leur eau 50 % plus cher qu'à Aigrefeuille (1 200 habitants). Les deux communes de l'Est toulousain sont pourtant voisines, et leur eau est gérée par le même syndicat mixte. Point de multinationale de l'eau ou de course aux profits maximum dans cette affaire : le syndicat mixte est une entité publique.
Comment expliquer les différences du prix de l'eau dans les 37 communes de la métropole toulousaine ? À Saint-Jean et L'Union, l'entreprise privée Véolia propose une eau aussi bon marché qu'à Flourens, ville gérée par un syndicat public, ou qu'à Colomiers et Tournefeuille, dont le réseau est exploité en régie directe par Toulouse Métropole.
Au niveau national, les disparités sont également énormes, entre Antibes (Alpes-Maritimes) la moins chère (1,50 € le m3), et Évreux (Eure) la plus chère (5,17 € le m3).
Les 37 villes au même tarif à horizon 2020 ?
En matière d'eau, chaque situation locale est différente. En effet, la qualité de l'eau avant traitement est partout différente, car les nappes phréatiques sont loin d'être homogènes. Ensuite, l'assainissement des eaux usées est plus ou moins complexe selon le terrain et les rejets domestiques, industriels, agricoles. Enfin, les canalisations, usines de traitement et stations d'épuration peuvent être anciennes, et donc sujettes à des travaux plus ou moins lourds et chers.
Pour faire baisser les prix, la question du passage en régie directe se pose depuis une dizaine d'années. Cinq communes de l'Ouest toulousain (Brax, Colomiers, Cornebarrieu, Pibrac, Tournefeuille) le sont déjà.
Et si la corrélation régie/prix bas n'est pas toujours vraie, on observe sur la carte ci-contre que quatre de ces cinq villes sont parmi les moins chères de la Métropole.
«Il y a une vraie volonté d'harmoniser les modes de gestion et les prix dans la Métropole», affirme Aviv Zonabend, élu en charge de l'eau et de l'assainissement à Toulouse Métropole. Le président de la Métropole, Jean-Luc Moudenc, ne fait pas mystère de sa volonté d'uniformiser les tarifs et les modes de gestion. Il se dit même ouvert au passage en régie publique.
N'avoir qu'un seul tarif pour les 37 communes est envisageable, à horizon 2020. Le Sicoval l'a fait : les habitants des 36 communes autour de Labège payent tous 3,57 € le m3 en 2015. Alors, à quand la fin des inégalités dans la Métropole ?
Toulouse : le prix de l'eau a augmenté de 13 % depuis 2011
Le prix de l'eau à Toulouse reste l'un des moins élevés des grandes villes de Midi-Pyrénées. À 3,68 € le m3, assainissement inclus, il se place juste derrière Montauban (3,46 €), à un niveau moins élevé qu'à Tarbes, Albi, Cahors, Foix ou Auch. Mais si on élargit la comparaison aux grandes villes françaises, Toulouse peut mieux faire. Beaucoup mieux. Bordeaux, Montpellier, Paris, Marseille, Lyon, Nantes sont moins chères. Surtout, après une baisse notable en 2011, due à une renégociation menée par le Capitole avec le prestataire Véolia, le prix de l'eau a repris sa hausse, pour dépasser aujourd'hui son niveau de 2010. Entre 2011 et 2015, le prix de l'eau a progressé de 13 %, bien plus que l'inflation (5 %) sur la même période. Les explications ? La TVA sur l'assainissement est passée de 5,5 % en 2011, à 10 % en 2014. Autre facteur de hausse des prix ? Les investissements consentis par Véolia : construction de nouvelles usines de traitement des eaux, remplacement des canalisations, recherche sur les traitements de l'eau. Tout cela contribue à la bonne qualité de l'eau toulousaine. Depuis 1990, assurent de concert le Capitole et Véolia, 267 M€ ont été investis dans le secteur de l'eau potable. En confiant la gestion de l'eau à la Métropole en 2020, la facture pourrait-elle baisser ?
Le chiffre : 5
communes >en régie directe. Cinq communes de Toulouse Métropole (Brax, Colomiers, Cornebarriau, Pibrac, Tournefeuille) sont gérées par une régie publique, en l'occurrence Toulouse Métropole. Quatre d'entre elles font partie des moins chères de la Métropole. Le passage en régie publique pour l'ensemble des 37 communes n'est pas tabou pour Jean-Luc Moudenc. Le président de la Métropole n'y est pas opposé. Le réseau est suffisamment moderne pour être géré par les techniciens de la Métropole.
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