Procès de la «démembreuse» : ce qu'il faut retenir de la première journée aux assises de Haute-Garonne

  • Me Georges Catala et Laurent Boguet, les avocats de la famille de la victime.
    Me Georges Catala et Laurent Boguet, les avocats de la famille de la victime.
  • Me Axelle Chorier et Me Pierre Dunac sont les avocats de l'accusée.
    Me Axelle Chorier et Me Pierre Dunac sont les avocats de l'accusée. DDM, Nathalie Saint-Affre
  • La foule se masse devant l'entrée du tribunal à Toulouse.
    La foule se masse devant l'entrée du tribunal à Toulouse. DDM, Nathalie Saint-Affre
  • Le 26 mai 2016, sur les berges du canal du Midi, à Toulouse. Enquêteurs du SRPJ et spécialistes de l’Identité judiciaire découvrent les restes du corps de la victime
    Le 26 mai 2016, sur les berges du canal du Midi, à Toulouse. Enquêteurs du SRPJ et spécialistes de l’Identité judiciaire découvrent les restes du corps de la victime DDM archives - THIERRY BORDAS
Publié le , mis à jour
Frédéric Abéla

l'essentiel La cour d’assises de Haute-Garonne juge jusqu’à vendredi 25 octobre, Sophie Fryder Masala, accusée d’avoir tué sa collègue de travail, en mai 2016 à Toulouse. Elle avait découpé son corps et conservé sa tête dans son jardin.  Les experts ont éclairé les motifs de ce crime hors norme.

Sur son visage émacié coule des larmes de honte. Des larmes de souffrance et de culpabilité aussi. Sous sa chevelure rousse, Sophie Fryder Masala, 55 ans, écoute sa vie passée au scalpel acéré des experts. Celle qui est accusée d’avoir tué et découpé à la scie le corps de sa collègue de travail, Maryline Planche, 52 ans, entre le 12 et le 17 mai 2016 à Toulouse, est bien obligée de l’admettre : les souffrances du passé et les blessures ouvertes sont légion.

Issue d’une famille ouvrière à Valenciennes, Sophie Fryder Masala entre très tôt en opposition avec la figure maternelle. Une mère volage, dont elle faisait de sa fille le témoin de ces frasques amoureuses. Avec ces terribles consignes, « si tu parles, je te tue ». « Elle ne voulait pas de fille et surtout pas de rousse », reprend l’expert psychiatre pour évoquer ce rejet maternel ressenti lors de son enfance.

À 10 ans, Sophie Masala assiste à un événement « destructeur et dramatique », insiste l’expert psychologue, Alain Penin : « Elle découvre son père mort, pendu dans la cave de la maison ». Son enfance dans ce nord ouvrier est marquée par le mensonge, les vols – elle dérobe son premier Malabar à l’âge de 3 ans – et par de mauvaises relations avec sa mère. Une femme « non protectrice », à son goût et une enfance émaillée de scènes de violence conjugale.

35 000 € de chèques détournés

Après l’échec au Bac, Sophie Masala cumule les petits boulots et contrats précaires. À 20 ans, elle rencontre son mari. Le couple s’installe dans l’Herault. Elle reprend les études et décroche un job à l’université de médecine de Montpellier où son époux est concierge. L'expérience est de courte durée. En 2010, elle est condamnée pour avoir détourné des chèques pour 35 000€.

Endettée, elle entame une courte carrière de call-girl. Relations sexuelles tarifées 150€ de l’heure, pour rembourser les dettes. Le couple loue un studio à Carnon, à 17 km de Montpellier. Les clients sont démarchés sur des petites annonces. Sophie Masala leur demande de se doucher et pendant ce temps elle note leur nom sur un carnet en fouillant dans leur portefeuille. Son mari place une caméra dans le studio. Elle se sent protégée. Quand l’interphone sonne, elle lui envoie un SMS pour l’alerter de l’arrivée du client. En réalité, son mari visionne les enregistrements sur des DVD. Le fils est tombé dessus par hasard. Il en sera traumatisé

« C’est une méthode assez singulière que de fouiller dans l’intimité des gens jusque dans leur portefeuille », lance l’un des avocats de la partie civile, Me Georges Catala. Allusion faite aux agissements de Sophie Masala lorsqu’elle dérobe la carte bancaire et le sac à main de Maryline Planche après l’avoir mortellement blessé, le 12 mai 2016, en lui assenant des coups à l’aide d’une bouteille de vin pleine. L’avocat enchaîne et cherche des points de comparaison : « Sa mère avait une vie débordante hors mariage et l’accusée se livrait à la prostitution… » En novembre 2015, lorsque Sophie Fryder Masala est embauchée par l’Agefiph, à Toulouse, une association d’insertion pour handicapés, elle se heurte à sa collègue Maryline Planche, une salariée d’expérience, très bien notée par sa hiérarchie. Un rôle que lui conteste Sophie Masala, en manque de reconnaissance et qui découvre, en se rendant chez sa collègue et rivale « une tanière » et des dossiers professionnels qu’elle ramenait dans son appartement.

Elle avait conservé la tête devant son balcon

Comme la mère de l’accusée, Maryline Planche semblait tout diriger. Lors de l’empoignade entre les deux femmes au domicile de Maryline Planche, cette dernière le répète avec force : « L’Agefiph c’est ma famille, je suis votre mère à tous ». Sans le savoir, Maryline lui tend le miroir de sa propre mère qu’elle rejetait. Pour les experts, Sophie Masala, qui va se livrer au dépeçage à la scie de la victime et conserver sa tête devant son balcon, « reproche l’image fausse d’un personnage qui voulait briller mais une image falsifiée aux yeux des autres ». Sortir l’accusée de ce rôle de monstruosité que veut lui coller la défense, c’est la gageure de ses avocats Mes Chorier et Dunac.

La tête enterrée tout près de son balcon ? « Comme un trophée conservé », « parce qu’il lui fallait une sépulture », s’accordent les experts.

Interrogés par le président Huyette, les enfants de l’accusée décrivent une mère aimante. « Elle a fait quelque chose d’horrible mais elle reste ma mère, témoigne Alexandre, 25 ans, la gorge serrée. J’étais en état de choc quand je l’ai appris ». Mylène, 31 ans, assistance commerciale à la longue chevelure rousse : « Ma mère est une belle personne, elle voulait toujours le bien de ses enfants mais elle n’a pas été épaulée par son mari. J’ai perdu maman. Malgré ce qu’elle a fait je l’aime ».

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